Cela faisait longtemps que je n’avais pas été aussi touchée par une lecture, touchée par une plume, par un propos simple et lisible. C’est bien pourtant le cas avec « Rousse ou les beaux habitants de l’Univers » de Denis Infante.
Cette courte fable animaliste n’est pas un livre que l’on lit mais un livre que l’on déguste. Il ne fait assurément pas partie des pageturners, ce n’est pas un livre que l’on « consomme » mais un livre qui vous nourrit.
Tout d’abord la couverture, et déjà tout est dit, tout est lisible ; cette couverture simple ne cache rien : c’est l’histoire de Rousse une renarde qui, à cause de la sècheresse, doit s’exiler vers un autre territoire. Au fur et à mesure de son avancée, elle va faire des rencontres qui marqueront son chemin de vie et son chemin tout court, comme sa rencontre avec Brune l’Ourse et Noirciel le maître-corbeau.
Au-delà de l’histoire, c’est la plume inspirée de Denis Infante qui m’a touchée. Au diapason du récit des aventures de Rousse et tout à son service, l’écriture est faite pèle-mêle d’accumulations, d’énumérations, de phrases longues et riches dans lesquelles les articles définis sont délibérément absents. Comme pour signifier que l’environnement dans lequel évolue Rousse n’a rien de défini ni d’absolu. La brièveté pertinente des chapitres permet justement d’assimiler au mieux cette plume particulière toute en délicatesse. On lit un chapitre, on pose le livre pour mieux en digérer le propos, pour mieux le savourer.
Ce plaisir de lecture n’a pas été sans me rappeler une autre lecture beaucoup plus ancienne qui m’avait également beaucoup touché : le roman « Un de Baumugnes » de Jean Giono.
Un très beau moment de lecture.
Un très grand coup de cœur.
