Ne t'arrête pas de courir

C’est une rencontre entre un journaliste auteur du livre, Mathieu Palain, et Toumany Coulibaly, champion de France d’athlétisme du 400 mètres en 2015.

 

Nous courons avec eux au fil de leurs échanges épistolaires, puis aux parloirs hebdomadaires de la prison dans laquelle séjourne à de nombreuses reprises ce sportif "qui a la main qui vole" comme dit sa mère. 

 

Mathieu Palain ne cesse d’interroger les raisons conscientes, inconscientes, familiales et sociologiques de ces délinquants sportifs multirécidivistes. L’auteur semble au cours de son récit s’identifier à son objet de recherche. Issus tous deux de la même génération et de la même banlieue, on apprend que Mathieu Palain a personnellement renoncé à une carrière de footballeur. Un lien se tisse immédiatement entre eux dès la première entrevue. Est-il un simple journaliste, le psy, l’ami de Toumany ?

 

Il nous retrace le parcours de cet exceptionnel coureur, cinquième d’une famille d’origine malienne de dix-huit enfants. Toumany n’a jamais cessé de voler depuis l’âge de 6 ans. Pour lui, "ce qui est convoité mérite d’être volé". On apprend qu’il vole de l’essence pour se rendre aux compétitions, pour nourrir ou offrir des cadeaux à ses enfants. Un surmoi impitoyable l’amène à culpabiliser. Il veut être une bonne personne. Il évoque des pulsions. Lui en tant que sujet semble disparaître lors des passages à l’acte.

 

Mathieu Palain nous montre avec finesse la complexité de cet être humain tiraillé entre ses pulsions associées à ses exploits physiques. En parallèle, les effets de son analyse personnelle se dessinent.

 

Renoncera-t-il à son talent pour prendre soin des siens ?
Je vous invite à la lecture haletante de cette histoire de vie hors du commun.