Jean-Pierre Gauffre est journaliste, chroniqueur et humoriste. Il est le cofondateur du Journal du Médoc.
"Mon propos est de montrer, à travers de multiples exemples, comment le rire et, d’une manière plus générale, l’humour permettent littéralement d’entrer en résistance contre tous les aléas et événements négatifs qui pèsent sur nos vies, individuellement ou en groupe.
Après un préambule destiné à définir le rire, son fonctionnement et son utilité, on réfléchira autour de la fonction sociale nécessaire du rire, et ce dès l’Antiquité, où le dieu Momos était précisément chargé de distraire l’Olympe. On parlera des grands anciens que sont les bouffons des rois, dont le rôle était de se moquer du pouvoir royal, avec d’autant plus de force qu’ils étaient les seuls autorisés à le faire. On évoquera les grandes figures du rire comme Molière ou le Guignol de Laurent Mourguet, pourfendeurs des travers de leurs sociétés, de l’autorité et de la bêtise en général.
Puis on abordera l’époque moderne, avec les amuseurs ayant compris très tôt tout le profit qu’ils pouvaient tirer de la force de l’image. Charlie Chaplin en est le précurseur et il aura de nombreux héritiers, qui se serviront du cinéma pour dénoncer tous les abus de tous les pouvoirs, principalement ceux des dictatures. La Seconde Guerre mondiale verra émerger la figure de Pierre Dac, pamphlétiste au vitriol sur les antennes de Radio Londres, mais aussi l’exemple moins connu de la grande ethnologue Germaine Tillion, qui écrivit clandestinement une opérette férocement drôle pendant sa captivité au camp de concentration de Ravensbrück.
Lorsque la télévision supplante le cinéma dans les loisirs préférés des humains, on voit apparaître, pêle-mêle, Coluche, Pierre Desproges, les Monty Python ou les Nuls… jusqu’à l’émergence de Volodymyr Zelensky, comédien et humoriste très populaire à la télévision ukrainienne porté à la présidence de la République avec le destin que l’on sait aujourd’hui.
Impossible, dans ce tour d’horizon, d’oublier le rôle joué, essentiellement à partir du XIXe siècle, par la presse écrite, et notamment le dessin de presse et de caricature, qui prend son essor avec des titres comme le Charivari, la Lanterne ou l’Assiette au Beurre, avant que le flambeau ne soit repris par le Canard Enchaîné et bien sûr Hara-Kiri et Charlie Hebdo, qui ne reculent devant aucune outrance pour attaquer, parfois violemment, tous les pouvoirs - politique, moral, religieux - à travers des dessins qui déclenchent le rire… ou l’indignation.
À côté du rire de résistance à l’oppression, au sens très large, existe également un rire de résistance plus intime, celui qui permet, pour qui en est capable, de s’extraire des souffrances liées aux drames personnels, à la pauvreté, à la maladie, au handicap, à la mort. Pour illustrer cette partie du propos, on terminera la conférence en écoutant la chanteuse française d’origine lituanienne Giedré, qui s’est faite spécialiste d’un humour très noir, à l’opposé du bon goût, qui nous place crûment face à toutes nos peurs existentielles."
- Lieu : à la médiathèque de Saint-Laurent-Médoc
- Date : samedi 13 mai à 14h30
- Renseignements auprès de la médiathèque
